Le 10 avril 2010 à 10 h 41 heure locale, le Tupolev 154 transportant le président polonais Lech Kaczyński s’écrase lors d’une tentative d’atterrissage sur l’aéroport de Smolensk-nord, ne laissant aucun survivant parmi les 96 personnes à bord. Outre le chef de l’État, son épouse Maria Kaczyńska, le chef d’état-major des armées Franciszek Gągor ainsi que les dirigeants des différents corps de l’armée polonaise, le gouverneur de la Banque nationale de Pologne, le vice-ministre des Affaires étrangères, des membres des deux chambres parlementaires (dont les vice-présidents des deux chambres), des membres du cabinet présidentiel, des membres du clergé polonais et des représentants des familles des martyrs de Katyń périssent dans cette catastrophe.

La délégation polonaise venait se recueillir à Katyń, pour commémorer le massacre de Katyń, dont c’était le 70e anniversaire, qui a longtemps envenimé les relations entre la Pologne et son voisin russe.

Selon un sondage rapporté par le quotidien Gazeta Wyborcza en avril 2012, 18 % des Polonais croient que la catastrophe aérienne de Smolensk n’était pas un accident et 32 % des personnes interrogées pensent que les autorités polonaises et russes cachent la vérité sur cet accident.

« Pour environ un tiers de Polonais, la catastrophe était trop horrible pour qu’il puisse s’agir d’un simple accident », explique le professeur Edmund Wnuk-Lipinski (sociologue, fondateur et premier directeur de l’Institut d’Etudes Politiques au sein de l’Académie Polonaise des Sciences). Seuls 16 % de Polonais seraient prêts à accepter les conclusions de la commission d’enquête polonaise, qui écarte la thèse de l’attentat.

M. Georges Mink, Directeur de recherche au CNRS, spécialiste des systèmes sociaux et politiques des pays de l’Europe centrale et orientale, rappelait au cours d’une interview donnée à France Culture en Mai 2011 que le paysage politique polonais a été profondément transformé par la catastrophe de Smolensk: la Pologne y a perdu une partie de son élite politique et les élections présidentielles qui ont suivies en août 2010 ont fait élire Bronisław Komorowski, partisan opposé au parti des frères Kaczyński. A la veille de la présidence polonaise du Conseil de l’Union Européenne (07-2011 12-2011), s’achève ainsi brutalement une cohabitation difficile entre le Premier Ministre Donald Tusk, d’un parti (PO, Platforma Obywatelska ou Plateforme Civique) libéral, pro-occidental et pro-européen, et le Président Lech Kaczyński (PIS, Prawo i Sprawiedliwość ou Droit et Justice), étatiste, euro-sceptique et nationaliste.

Sources: Gazeta WyborczaFrance Culture

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