Le ministère du Trésor polonais a annoncé, vendredi 1er avril, avoir abandonné le projet de vente de 51 % du groupe Enea, le numéro trois polonais de l’énergie, qu’il négociait avec le groupe Electricité de France (EDF). Les offres « ne répondaient pas aux conditions requises », expliquent les autorités polonaises dans un communiqué.

Le Trésor indique que les négociations ont achoppé sur la question d’un engagement souhaité par la Pologne dans le développement de la grande centrale polonaise de Kozienice (Centre). Plus tôt dans la journée, la section des mines et de l’énergie du syndicat Solidarité signalait que c’était EDF qui s’était retiré de ces négociations. « Je dispose des informations selon lesquelles EDF s’est retiré des négociations, car il ne pouvait pas accepter les conditions posées par le ministère du Trésor », a déclaré Kazimierz Grajcarek, chef de la section.

Le ministère a précisé qu’Enea allait poursuivre son programme d’investissements et que le Trésor comptait relancer la privatisation du groupe dès que l’investissement dans la centrale de Kozienice « devien[drai]t un élément intégral et indissociable du fonctionnement du groupe ». Le ministre polonais de l’économie, Waldemar Pawlak, s’était déclaré, jeudi, opposé à la vente d’Enea à un groupe étranger. « Le gouvernement polonais peut administrer ses entreprises énergétiques aussi bien que le gouvernement français », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Si nous n’avons pas de bonne offre pour le rachat d’Enea, il vaut mieux le laisser entre les mains du Trésor polonais », a-t-il ajouté.

EDF avait été invité à négocier en exclusivité l’achat d’Enea le 16 décembre, après s’être retiré une première fois de la course en octobre, ne souhaitant pas surenchérir sur l’offre initiale. Le groupe Enea est actuellement détenu à 60,43 % par le Trésor polonais et à 18,7 % par le suédois Vattenfall. Il revendique 16 % du marché de l’électricité en Pologne et affirme approvisionner 2,3 millions de foyers et sociétés. Sa vente devait rapporter à l’Etat de 4,6 à 6 milliards de zlotys (de 1,16 à 1,5 milliard d’euros).

En 2009, le Trésor polonais avait déjà essayé de vendre Enea, mais l’allemand RWE, seul candidat au rachat, s’était retiré de l’appel d’offres. Lors de la seconde tentative, EDF est longtemps resté en lice, aux côtés notamment d’un autre français, GDF-Suez, du polonais Kulczyk Holding et du tchèque EP Holding. Le Trésor a alors offert à Kulczyk Holding l’exclusivité des négociations, mais en décembre, EDF a été à nouveau invité à négocier, après l’échec des discussions avec le groupe polonais. Jeudi, Kulczyk Holding a déclaré « être toujours intéressé par la privatisation et prêt, sur le plan financier et organisationnel, au rachat d’Enea », selon sa porte-parole, Marta Wysocka.


Source: Le Monde, 1/04/2011

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