Le 9 mai est la Journée de l’Europe célébrant la déclaration prononcée en 1950 par Robert Schuman dans le salon de l’Horloge du Quai d’Orsay, à Paris. Ce jour-là, cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, lance l’appel fondateur de la construction européenne. Inspirée par Jean Monnet, premier commissaire au Plan, cette déclaration propose la création d’une organisation européenne chargée de mettre en commun les productions françaises et allemandes de charbon et d’acier. Ce texte débouchera sur la signature, le 18 avril 1951 du traité de Paris, qui fonde la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) entre six États européens.

[…] La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. L’établissement de cette unité puissante de production ouverte à tous les pays qui voudront y participer, aboutissant à fournir à tous les pays qu’elle rassemblera les éléments fondamentaux de la production industrielle aux mêmes conditions, jettera les fondements réels de leur unification économique […] Voir plus bas le texte intégral de la proposition.


Chronologie de la vie de Robert Schuman (1886 – 1963):

29 juin 1886 – Naissance de Robert Schuman au Luxembourg

1912 – Inscription au Barreau d’Alsace-Lorraine – Avocat à METZ

1915 – 1962 – Élu député de THIONVILLE (Moselle)

Juin – novembre 1946 – Ministre des Finances

Novembre 1947 – Juillet 1948 – Président du Conseil des Ministres

Juillet 1948 – décembre 1952 – Ministre des Affaires Étrangères

9 mai 1950 – Déclaration de Robert Schuman posant les fondements de l’Europe

1955 – 1961 – Ministre de la Justice, garde des Sceaux (de février à décembre 1955).
Président du mouvement Européen (1955 à 1961)

1958 – 1960 – Président du Parlement européen. Discours de Robert Schuman le 19 mars 1958
A la fin de son mandat, le Parlement européen lui décerne le titre de « Père de l’Europe »

4 Septembre 1963 – Mort de Robert Schuman



 

Montage de documents d’actualité, ce film est une rétrospective des événements qui ont marqué la création (1951) et les premières années de la Communauté du Charbon et de l’Acier (CECA). Il décrit également le fonctionnement des institutions de la CECA : Haute Autorité et Cour de justice. Il comprend notamment un extrait du discours prononcé par Robert SCHUMAN, le 9 mai 1950, afin de proposer la création de la CECA, la signature du traité à Paris le 18 avril 1951, les discours prononcés par Jean MONNET le 10 août 1952 lors de l’inauguration de la Haute Autorité de la CECA, et le 30 avril 1953, à la veille de l’ouverture du marché commun européen de l’acier et du charbon. (Fonds USIS)
 

PARIS : Au quai d’Orsay, Ministère des Affaires Étrangères, Monsieur Robert SCHUMAN et les cinq délégués représentant les pays membres, ont signé le « Plan Schuman » créant ainsi la Communauté Économique du Charbon et de l’Acier.


Voici le texte intégral de la proposition, lancée par Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, et considéré comme l’acte de naissance de l’Union européenne.

La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d’une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre.

L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée. L’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne.
Dans ce but, le gouvernement français propose immédiatement l’action sur un point limité mais décisif.

Le gouvernement français propose de placer l’ensemble de la production franco-allemande de charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe.
La mise en commun des productions de charbon et d’acier assurera immédiatement l’établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne, et changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes.

La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l’Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. L’établissement de cette unité puissante de production ouverte à tous les pays qui voudront y participer, aboutissant à fournir à tous les pays qu’elle rassemblera les éléments fondamentaux de la production industrielle aux mêmes conditions, jettera les fondements réels de leur unification économique.

Cette production sera offerte à l’ensemble du monde sans distinction ni exclusion, pour contribuer au relèvement du niveau de vie et au développement des oeuvres de paix. L’Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l’une de ses tâches essentielles: le développement du continent africain.

Ainsi sera réalisée simplement et rapidement la fusion d’intérêts indispensable à l’établissement d’une communauté économique qui introduit le ferment d’une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes.

Par la mise en commun de productions de base et l’institution d’une Haute Autorité nouvelle, dont les décisions lieront la France, l’Allemagne et les pays qui y adhéreront, cette proposition réalisera les premières assises concrètes d’une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix.

Pour poursuivre la réalisation des objectifs ainsi définis, le gouvernement français est prêt à ouvrir des négociations sur les bases suivantes.

La mission impartie à la Haute Autorité commune sera d’assurer dans les délais les plus rapides : la modernisation de la production et l’amélioration de sa qualité, la fourniture à des conditions identiques du charbon et de l’acier sur le marché français et sur le marché allemand, ainsi que sur ceux des pays adhérents, le développement de l’exportation commune vers les autres pays, l’égalisation dans le progrès des conditions de vie de la main-d’oeuvre de ces industries.

Pour atteindre ces objectifs à partir des conditions très disparates dans lesquelles sont placées actuellement les productions des pays adhérents, à titre transitoire, certaines dispositions devront être mises en oeuvre, comportant l’application d’un plan de production et d’investissements, l’institution de mécanismes de péréquation des prix, la création d’un fonds de reconversion facilitant la rationalisation de la production. La circulation du charbon et de l’acier entre les pays adhérents sera immédiatement affranchie de tout droit de douane et ne pourra être affectée par des tarifs de transport différentiels. Progressivement se dégageront les conditions assurant spontanément la répartition la plus rationnelle de la production au niveau de productivité le plus élevé.

A l’opposé d’un cartel international tendant à la répartition et à l’exploitation des marchés nationaux par des pratiques restrictives et le maintien de profits élevés, l’organisation projetée assurera la fusion des marchés et l’expansion de la production.

Les principes et les engagements essentiels ci-dessus définis feront l’objet d’un traité signé entre les Etats et soumis à la ratification des parlements. Les négociations indispensables pour préciser les mesures d’application seront poursuivies avec l’assistance d’un arbitre désigné d’un commun accord; celui-ci aura charge de veiller à ce que les accords soient conformes aux principes et, en cas d’opposition irréductible, fixera la solution qui sera adoptée.

La Haute Autorité commune chargée du fonctionnement de tout le régime sera composée de personnalités indépendantes désignées sur une base paritaire par les gouvernements; un président sera choisi d’un commun accord par les gouvernements; ses décisions seront exécutoires en France, en Allemagne et dans les autres pays adhérents. Des dispositions appropriées assureront les voies de recours nécessaires contre les décisions de la Haute Autorité.
Un représentant des Nations Unies auprès de cette autorité sera chargé de faire deux fois par an un rapport public à l’ONU, rendant compte du fonctionnement de l’organisme nouveau, notamment en ce qui concerne la sauvegarde de ses fins pacifiques.

L’institution de la Haute Autorité ne préjuge en rien du régime de propriété des entreprises. Dans l’exercice de sa mission, la Haute Autorité commune tiendra compte des pouvoirs conférés à l’Autorité internationale de la Ruhr et des obligations de toute nature imposées à l’Allemagne, tant que celles-ci subsisteront.

NB: en France, une partie de ce texte est imprimée en très petit sur tous les chèques émis par les banques, de manière à former les lignes vides où inscrivent montant, lieu et date.

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